CHABEUIL



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



CHABEUIL



CHABEUIL (Cabeolum). - Cette petite ville est ancienne et assez mal bâtie ; elle est située à 12 kilomètres à l'est de Valence, sur la Véoure, qui en baigne les murs, et sur la route de Crest à Romans. C'est un chef-lieu de canton et un bureau d'enregistrement. Il y a un petit collége, des papeteries, des tanneries, des mégisseries, une blanchisserie de toile et des fabriques de grosses draperies. Les productions principales sont les céréales, les fourrages, le vin et la soie. Il s'y tient six foires par an.
La commune se compose, outre le chef-lieu, de plusieurs hameaux, dont le principal est Malissard, qui forme une paroisse avec titre de succursale. La population totale est de 4,452 individus.
Il y avait autrefois à Chabeuil un château-fort, dont la tour subsiste encore, et où le dauphin vint, le 25 avril 1338, recevoir l'hommage longtemps contesté du comte de Valentinois.
C'est dans les environs de cette ville, au rapport de Chorier, que l'empereur Constance fit préparer, vers l'année 355, l'expédition par laquelle il voulut repousser les Allemands qui s'avançaient dans les Gaules. Julien, que les uns surnomment l'Apostat, et les autres le Philosophe, en eut le commandement, et c'est dans le cours de cette expédition qu'il parvint à l'empire.
C'est à Chabeuil que se tint, en vertu d'un décret du 4 mars 1790, l'assemblée électorale chargée de désigner la ville chef-lieu du département.
C'était, avant 1789, le siége d'une justice royale qui présentait cette particularité, qu'on n'y était jamais reçu à contester sur un acte obligatoire qu'après paiement ou consignation réelle, ce qui prévenait beaucoup de procès ; car, comme on ne plaide guère en pareil cas que pour éviter le paiement ou la consignation, lorsque l'un ou l'autre était fait, on ne songeait plus à plaider.
On lit dans l'église de Chabeuil cette inscription :
L'hereticqve ma desmolye Et Soyans ma restablye. 1602.
On y voit aussi les fragmens suivans d'une inscription tumulaire sur laquelle on marche, et qui va s'effaçant chaque jour davantage par suite du frottement :
HIC EST IV .... CLERISSEORVM .... CABEOLENSIVM .... 1505.
Mais ce qui attire surtout l'attention, c'est une longue inscription qui se trouve dans une des chapelles latérales, et qui est remarquable, non par le sujet qu'elle traite, car ce n'est que la consécration d'un obit annuel, mais par la beauté des caractères gothiques dont elle se compose. En voici copie, avec sa traduction :
Anno Domini millesimo quingentesimo quarto et die quartâ mensis septembris, obiit Johannes de Plateâ, burgensis Cabeoli, qui ordinavit fieri hanc capellam pro remedio animoe suoe et suorum parentum, per ipsum fundatam, qui elegit suam sepulturam cum totâ familiâ suâ antè altare dictoe capelloe, et ordinavit duas missas in quâlibet hebdomadâ celebrari, die Lunoe pro mortuis, et die Jovis de corpore ipsius, cujus anima requiescat in pace. Amen.
Hic jacet quo capella fuit consecrata.... die.
L'an du Seigneur mil cinq cent quatre et le quatre du mois de septembre, est mort Jean de la Place, bourgeois de Chabeuil, qui a fondé et fait élever cette chapelle pour le salut de son ame et de celles de ses parens. Il a voulu y être enseveli devant l'autel, lui et toute sa famille. Il a ordonné qu'il soit célébré chaque semaine deux messes, l'une le lundi pour les morts, et l'autre le jeudi pour lui, afin que son ame repose en paix. Amen.
Ci-gît celui par qui la chapelle a été consacrée....
Chabeuil est la patrie d'Ennemond Bonnefoy, professeur de l'université de Valence, mort à Genève en 1574, et l'un des plus célèbres jurisconsultes de son temps ; et de Charles-François Genissieu, né le 2 juin 1751, mort à Paris le 27 octobre 1804. Avocat à Grenoble au moment de la révolution, il en embrassa la cause avec ardeur, et fut nommé député de l'Isère à la convention. Il fut ministre de la justice sous le directoire, puis membre du conseil des cinq cents, et sous le consulat juge au tribunal d'appel de Paris. Il fut le dernier président de la convention, dont il déclara la session terminée le 26 octobre 1795.

BUIS (le) <-- Retour à l'index --> CHAFFAL (le), LÉONCEL et la VACHERIE